Une nouvelle publication sur une utilisation des TICE moins anxiogène chez les étudiant.e.s au collégial


Est-il vrai que les étudiant.e.s sont à l’aise avec les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE)? Quels aspects de l’environnement technopédagogique ont une incidence sur le sentiment d’anxiété chez la population étudiante? Un projet dirigé par Paul Turcotte, professeur de philosophie et chercheur associé au CRISPESH, constitue une première exploration des possibilités d’action pour un déploiement plus inclusif des TICE.

Le projet s’est déroulé en quatre étapes, qui se sont échelonnées sur une période de trois ans. Les deux premières étapes avaient pour objectif l’élaboration d’un outil de mesure, qui a été développé en deux phases distinctes et complémentaires, pour évaluer l’intensité de l’anxiété. Le développement de cet outil d’évaluation, l’Inventaire d’Anxiété et d’Adaptation aux TICE (IAAT), est une réponse à l’absence de ce type d’outil spécifique au sein de la littérature scientifique. À la suite des résultats obtenus, une communauté de pratique a été mise sur pied afin d’élaborer un Plan d’application des stratégies d’Intervention et d’utilisation des TICE visant la réduction de l’Anxiété (PITA) ayant pour objectif de mieux outiller le corps professoral et les élèves à l’égard du potentiel anxiogène des TICE. Ce projet a culminé, à l’étape 4, par la mise en application du PITA auprès de groupes d’élèves et en comparant ceux ayant reçu le PITA à des groupes-contrôle sans PITA. De ces mesures complémentaires, plusieurs observations sont à mentionner.

– Attention à la présomption de compétence TICE

Les professeur.e.s semblent souvent induire (à tort) que puisque la très grande majorité de leurs étudiant.e.s font un usage intensif des appareils mobiles et des réseaux sociaux, ces personnes possèdent une compétence équivalente à propos des usages scolaires des TIC. Or, rien n’est moins vrai. Cette présomption erronée entraine souvent chez les personnes étudiantes un sentiment d’incompétence menant rapidement à de l’anxiété.

– Avoir une évaluation juste et actuelle des compétences TICE (via IAAT, notamment)

La présomption présentée plus haut pourra être facilement (in)validée par l’administration du IAAT, ou de toute évaluation préliminaire ou diagnostique jugée adéquate par les professeur.e.s.

– Planification réfléchie de la formation et du soutien

Le PITA comportant trois niveaux d’interventions, sa mise en œuvre impliquait une planification minutieuse des interventions secondaires, soit celle impliquant un accompagnement réfléchi des étudiant.e.s afin de les sécuriser et de garantir une réponse adéquate à leurs besoins. Dans cette optique, la mise à profit des différentes ressources des institutions a été bénéfique. À titre d’exemple, une bibliothécaire est venue dans la classe pour offrir une formation sur les logiciels de référencements bibliographiques dont l’enseignement était obligatoire dans un des cours (d’où l’intervention dite secondaire). Une autre mesure d’accompagnement efficace aura été le « commissariat des tutoriels ». Il existe en effet une multitude de tutoriels en ligne à propos des outils TICE. Le fait que la professeure ou le professeur en soit conscient et guide ses élèves a un double effet positif : les ressources recommandées sont de qualité, et les élèves sont sécurisés à propos de leur choix.

– Ne pas négliger les bases

Les personnes sondées ont indiqué avoir apprécié être consultées quant à l’organisation des environnements numériques d’apprentissage. On a pu déterminer que dans certains cours, une organisation chronologique de documents était préférable à un regroupement thématique, par exemple. Dans le même ordre d’idées, afin de diminuer l’anxiété reliée aux malentendus quant aux délais raisonnables pour qu’une réponse soit donnée à un courriel ou un MIO, les personnes répondantes ont indiqué ressentir moins d’anxiété reliée aux délais de réponse de leur professeur.e si ces modalités avaient été précisées dès le départ.

Le rapport final du projet contient des exemples concrets et des recommandations.

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